En tant que formateur, il n’est pas rare d’être confronté au discours de participants qui, bien qu’ils apprécient les thèmes abordés et les outils proposés, nous renvoient que de toute façon « ça ne va rien changer ».
Et puisque je trouve qu’ils ont raison, j’ai décidé de leur emboîter le pas et je rédige maintenant régulièrement en salle de formation une feuille de tableau de conférence sur laquelle je mentionne d’abord :
« La formation ne va rien changer ».
Surpris, les participants s’interrogent sur la suite …
Je poursuis alors et j’ajoute :
« La formation ne PEUT rien changer ».
Et je leur dis ma conviction que la formation, ce moment déconnecté de leur réalité professionnelle, ne PEUT effectivement rien changer à leurs pratiques et à leur vécu sur le lieu de travail.
J’imagine (et je constate) leur surprise de voir un formateur scier ainsi la branche sur laquelle il est pourtant (pas toujours) confortablement assis.
C’est le moment que je choisis pour ajouter une troisième phrase :
« VOUS pouvez tout changer ».
Et c’est une chose dont je suis de plus en convaincu : si la formation ne va et ne peut rien changer, les participants eux peuvent tout changer. Si le lendemain ils se comportent différemment sur leur lieu de travail, de facto, celui-ci a changé.
Ce propos est généralement bien accueilli et permet, d’une part de couper court à certaines expressions défaitistes, d’autre part de responsabiliser (et je parle ici de sa juste part de responsabilité qui n’exempte pas les autres acteurs de la leur) et d’autonomiser le participant.
En lui rappelant ces trois phrases au moment où il rédige son plan d’action, en couplant ce message avec une matrice KISS (Keep – Increase – Start – Stop), on invite le participant à réfléchir à ce qu’il peut transformer dans sa pratique dès le lendemain (ce qu’il va conserver, ce qu’il va faire plus ou autrement, ce qu’il va commencer à faire qu’il ne faisait pas et ce qu’il va cesser de faire ou va faire moins).
Et s’il transforme ses pratiques, quelque chose a changé. La formation n’a rien changé, elle n’a pas ce pouvoir. Le participant, lui, l’a fait : il a ce pouvoir et se le réapproprie.
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