
Chaque homme, (chaque femme) est une personne unique, consciente d’elle-même qui a droit au respect et à l’autonomie.
L’homme est un tout, multidimensionnel, indivisible
Il est caractérisé par sa capacité d’abstraire, de se faire des images, de s’exprimer, de penser, de sentir et de s’émouvoir. Il comporte des dimensions biologique, psychologique, sociale, culturelle, spirituelle et c’est porteur de toutes ces dimensions qu’il se présente en formation. Il est plus et différent que la somme de ses parties.
L’homme est un être de relation et d’échange
Il est en interrelation avec sa communauté et son environnement. Il ne peut pas ne pas communiquer. Les connaissances, les besoins, les intentions, les valeurs, les perceptions, l’histoire de vie influencent les interrelations des individus.
L’homme est un être d’apprentissage
Il est capable de s’adapter, de changer, d’évoluer vers une complexité toujours plus grande. L’homme est en devenir. Il a la capacité de modifier son environnement et de faire des choix qui lui permettent de réaliser son potentiel.
Envisager qu’un formateur puisse élaborer un dispositif qui contribue à favoriser un changement d’attitude de participants adultes implique de croire en la « modifiabilité » des êtres humains. Les propositions de Feuerstein citées par David SASSON (1997) ont été formulées et éprouvées dans un contexte (public d’enfants handicapés) dont on pourrait dire qu’il diffère fondamentalement de celui dans lequel nous évoluons. Nous ne résistons cependant pas à la tentation de les proposer ici sous la forme d’un « credo » du formateur :
- Les êtres humains sont modifiables : tout être humain est un système ouvert susceptible de changements structurels importants pendant toute la durée de la vie ;
- L’individu que j’éduque est modifiable : ayant admis la règle générale de la « modifiabilité », aucun éducateur ne devrait plus en exclure un apprenant, quels que soient ses caractéristiques ou la résistance dont il semble faire preuve ;
- Je suis capable de contribuer à la modification de l’individu que j’éduque : les deux affirmations précédentes ne sont que de peu d’utilité dans le cadre qui nous intéresse si on n’y associe pas la troisième. De nombreux moyens didactiques sont maintenant disponibles et peuvent être acquis par le formateur pourvu qu’il soit ouvert et croit profondément qu’il peut devenir agent du changement dont l’apprenant a besoin ;
- Je suis moi-même un sujet susceptible d’être modifié : je suis donc capable de m’adapter aux besoins de mes apprenants ;
- La société et l’opinion publique peuvent et doivent être modifiées : toute intervention en éducation a lieu dans un environnement social donné et est inévitablement inspiré par une opinion publique préexistante et un système de pensée.
Il nous semble que cette « croyance » constitue un (indispensable ?) préalable à toute démarche de conception d’une formation. Elle rejoint d’ailleurs le « postulat d’éducabilité » dont Hadji (1992) dit qu’il constitue un véritable impératif kantien. Ses conséquences ne sont cependant pas à négliger : elle responsabilise le formateur en l’invitant, quand il « échoue », à reconsidérer les éléments qu’il a mis en place.
Et le vrai pari éducatif, c’est celui de l’éducabilité associé à celui de la non-réciprocité : tout faire pour que l’autre réussisse, s’obstiner à inventer tous les moyens possibles pour qu’il apprenne mais en sachant que c’est lui qui apprend et que, tout en exigeant le meilleur, je dois me préparer à accepter le pire… et surtout à continuer à exiger le meilleur après avoir accepté le pire! Admettre que le principe d’éducabilité soit constamment mis en échec sans, pour autant, y renoncer. Assumer la négativité de l’éducabilité, sans, pour autant, basculer dans le dépit et la suffisance, sans sombrer dans le fatalisme. Le principe d’éducabilité et son corollaire, le principe de non-réciprocité, sont donc au coeur de la dynamique pédagogique, ils en constituent, en quelque sorte, le pari fondateur…
Former est un acte intentionnel d’intervention sur des personnes.
L’individu qui œuvre comme formateur a choisi ce « métier ». Il entre dans sa salle en ayant formulé des objectifs, lesquels, en ce qui nous concerne, visent des modifications des attitudes même des participants (dans leur triple dimension : affective, cognitive et comportementale). Pour que les participants atteignent ces objectifs, le formateur conçoit un dispositif de formation, dispositif constitué d’un certain nombre d’activités dont la combinaison est de nature à susciter chez les participants les transformations envisagées.
Formuler des objectifs et concevoir un dispositif de formation qui a pour ambition de transformer des attitudes : former est un acte intentionnel d’intervention sur des personnes. Le formateur ne peut nier cette intention : il doit au contraire en être pleinement conscient.
Une conception de l’apprenant, un « credo » du formateur, une volonté d’intervenir… De quoi déjà alimenter votre réflexion et peut-être satisfaire votre curiosité… Et puisque le trop nuit en tout, nous vous livrerons la suite de notre approche dans les prochains jours
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