
Je lisais tout à l’heure un article nous invitant à offrir de l’espace au vide, dans nos agendas, nos relations, … reprenant la citation de Lao-Tseu : « le vide dans le vase en permet l’usage ». L’auteure y propose de créer « des moments de vacuité : méditer, arrêter la radio dans la voiture, ne penser à rien pendant le jogging, stopper la TV et juste écouter le silence…. bref stopper le mental pour se réénergiser ». J’aurais aimé que me soit offert le mode d’emploi…
Lundi passé, je retrouvais un groupe pour la deuxième séance d’un cycle de 8 semaines d’entrainement à la pleine conscience (outre mon activité de formation et d’intervention en entreprise au sein d’Evoluo, je suis instructrice de pleine conscience – MBSR). Ce groupe est largement composé de chefs d’entreprises et de managers, en activité ou récemment retraités. Plusieurs participants partageaient leur difficulté à trouver une heure à se consacrer dans des journées déjà tellement remplies … La discussion qui en a suivi nous a amenés à nous rendre compte que ce temps pour soi si difficile à s’offrir n’en était pas moins un merveilleux cadeau.
Un autre constat dressé par le groupe est que …
l’esprit ne s’arrête jamais…
Mais faisons le test : prenez 2 minutes. Juste 2 minutes. 2 minutes durant lesquelles vous allez arrêter votre esprit. Que se passe-t-il ? Comment faites-vous pour empêcher votre esprit de penser ? En vous disant que vous ne devez penser à rien ? En visualisant le vide ? En vous focalisant sur un point dans l’espace ? Généralement, pour empêcher l’esprit de penser… on pense à autre chose…
Ce fait est avéré par le monde scientifique : « Qu’on soit en phase de sommeil, dans le coma ou éveillé, le cerveau est en activité, donc produit des pensées. Il peut moduler son activité, mais ne s’arrête jamais. En fait, le seul moment où on ne pense pas, c’est quand on est mort », explique en effet Bernard Mazoyer, spécialiste de neuro-imagerie cognitive à l’université de Caen (Sciences et Vie n° 1113).
Oubliés donc, les « ne penser à rien » ou « stopper le mental » … Faut-il dès lors se résigner ?… Heureusement non, mais, comme toute pratique, la pleine conscience demande de s’entraîner.
Pour illustrer ce besoin d’entrainement, je prends souvent l’image de la course à pied. Si je vous annonce que nous participerons ensemble la semaine prochaine au marathon de la ville voisine, pas de doute que la majorité d’entre vous tournera les talons. Nous pourrions par contre entamer un « start to run » qui, sauf ennui de santé, nous permettra à chacun d’ici une dizaine de semaines de courir 5 km en moins d’une demi-heure.
Il en va de même avec notre esprit : inutile de lui demander d’affronter un marathon alors qu’il n’a jamais vu de chaussures de jogging de toute sa vie.
Et si la première étape était la prise de conscience ?
Prise de conscience du fait que notre esprit génère en permanence des pensées, qu’il est constamment occupé. Et que la plupart du temps, nous n’avons pas conscience de cette activité.
Petit exercice de prise de conscience : à quoi pensez-vous lorsque vous êtes sous votre douche ?… Essayez de vous remémorer votre dernière douche… Ou était votre esprit ?…
Proposition : et si, lors de votre prochaine douche, vous ne vous occupiez que du fait de prendre votre douche, en laissant sur le tapis de la salle de bain l’agenda de la semaine, la boîte à tartines des enfants à préparer, le rendez-vous de ce matin, … Pourriez-vous vous centrer sur le contact de l’eau avec votre peau, l’odeur du savon, le bruit de l’eau, … ? Juste votre douche…
Mais, Françoise, ça ne va pas suffire à apporter la sérénité dans ma vie. Non, vous avez absolument raison. Tout comme courir vos 50 premiers mètres ne va pas vous transformer en coureur de marathon. Cependant, « un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas » (Lao Tseu, encore lui 🙂 ). Et un seul petit pas peut à lui seul initier un changement. Juste initier.
Bons premiers pas 🙂
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