
Dans cet article, je propose de conjuguer trois manières d’envisager conscience, acceptation, confiance et responsabilité en milieu professionnel (et ailleurs). J’ai à ce stade de ma réflexion l’impression d’y voir émerger un ordre… une logique même si je suis convaincu que les phénomènes évoqués sont de nature plus circulaire que linéaire.
La conscience de soi comme préalable
L’antique « Connais-toi toi-même » attribué à Socrate me semble constituer la pierre angulaire (mais elle ne suffit pas) d’un fonctionnement professionnel (et pour tout dire humain) épanouissant et sain (pour soi et pour ceux qui nous entourent). Se pose alors la question du « qui suis-je ? », de l’identité dont nous savons qu’elle est dynamique et en rien figée. Et c’est parce qu’elle est dynamique (je n’ai pas dit totalement instable) que la découverte de soi constitue un exercice sinon permanent, à tout le moins régulier qui vise à s’interroger avec bienveillance mais sans complaisance sur celle ou celui qu’on est (devenu), sur celle ou celui qu’on souhaite devenir. Il peut porter sur nos pensées, nos cognitions, nos actes, nos ressentis, notre corps et le soin que nous y portons, nos relations, ce que nous faisons de notre temps, de notre vie … Sur tout ce qui nous concerne en fait.
L’exercice n’est toutefois pas sans danger : nombrilisme et auto-fascination, remises en question excessives et permanentes, auto-flagellation, recours à des outils simplistes en quatre couleurs ou quelques cases, voire à des « gourous », lecture excessive d’ouvrages « feel good », les écueils sont nombreux sur la route qui mène à soi (je n’ai pas osé « la route de l’à soi » ).
Peut-être faut-il ainsi se souvenir aussi que, comme le disait Rimbaud (pour d’autres raisons, j’en conviens), « Je est un autre » pour éviter de se figer dans une autodéfinition qui restreint, qui limite ce qui ne saurait-être l’objectif de cette conscience de soi. Disons que si elle est (et elle est) restreinte, la conscience que j’ai de moi ne devrait en aucun cas me restreindre.
Soulignons également deux convictions :
- cette conscience de soi induit une capacité à l’attention (oui oui, cette attention aujourd’hui autrement sollicitée que ne l’était celle de ma mère qui, travaillant aux champs, ne la voyait troublée que par le chant du rossignol) qu’il ne faut pas… qu’il ne faut plus considérer comme acquise ;
- enfin, cette conscience de soi ne doit jamais exclure le doute… ne doit jamais devenir conviction : elle n’est qu’illusion, que perception et interprétation et bien qu’elle ne soit que cela, elle est l’indispensable fondation de celui que je vais devenir et des relations que j’entretiens, que je vais entretenir.
L’indispensable acceptation de soi (n’est pas de la résignation)
La conscience de soi induit des (re)découvertes en tous sens, de (potentiels) motifs de fierté, des constats inavouables. Il s’agit de « se regarder en face » avec bienveillance et humilité, ambition (réelle et raisonnable) et courage et d’accepter ce que l’on voit pour tendre vers une juste estime de soi (ni surestime, ni sous-estime). Il s’agit d’accepter tant ses forces et talents que ses faiblesses, ses méconnaissances, ses travers. Une acceptation qui n’est en rien synonyme de résignation : ce trait ou cette situation qui me déplait, je peux, si (et seulement si) je le souhaite, décider d’œuvrer à le faire évoluer dans une direction qui m’agrée et tendre vers le meilleur de moi, vers ce qui m’apparait un meilleur moi. Et si l’acceptation ne vaut pas résignation, elle n’induit pas l’obligation de tout changer, de tout transformer. Elle n’est une invitation ni à une lutte contre soi, ni à un abandon de soi. Elle constitue le point de départ (possible mais non obligatoire) de tout changement : je ne peux changer que ce qui est… Si je nie que cela est, je ne change pas…
La confiance en soi comme un possible
Parce que j’ai conscience de moi et que je m’accepte (pour le meilleur et pour le pire), parce que je suis conscient de ma capacité à évoluer, à progresser mais que j’admets aussi ma capacité à faillir, parce que je me suis regardé avec bienveillance et sans complaisance, parce que j’ai fait le choix de développer ou de corriger telle ou telle facette et de vivre avec telle autre, je peux vivre avec un juste niveau de confiance en moi, un niveau qui me permet d’oser être, d’être moi, de m’affirmer, d’agir en individu autodéterminé, autonome. Je peux de ce fait également m’engager, envers moi et envers autrui. La confiance est promesse.
L’impératif de responsabilité
Je répète très souvent à mes participants en formation que l’autonomie est une médaille dont l’autre face est la responsabilité. Etre responsable, c’est ici répondre de soi, de celui que l’on est, des actes qu’on pose et de ceux qu’on ne pose pas, des choix qu’on fait et de ceux qu’on ne fait pas, de ce qu’on (se) permet et de ce qu’on ne (se) permet pas. Il s’agit donc de prendre la responsabilité de soi et, le cas échéant, d’en répondre face à autrui. Elle n’induit ni culpabilité, ni honte qui paralyseraient : elle permet de répondre en se respectant et en respectant l’autre.
Je réponds donc de moi !
Aussi riche (et me semble-t-il indispensable) et prometteur qu’il soit, ce premier cycle « conscience-acceptation-confiance-responsabilité » autocentré ne saurait toutefois être considéré comme suffisant. Deux autres suivront…
Article initialement posté sur la page LinkedIn de Robert Duthy.
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